N°41
Les chimères OGM

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Date de publication : 05-06-2003
Rédacteur : Le Conseil d’Administration de Nature et Progrès.
Fonction du rédacteur :

Sommaire :

Débat : L’Europe peut-elle échapper aux OGM ?
Bio-portrait : Le chemin de Terre de Marc et Gillian Bruzard
Chronique des producteurs : Premières rencontres sur la biodiversité
Dossier : Libérer les semences fermières pour échapper aux OGM
Société : Technosciences : une éthique de façade pour cacher l’imposture ?
Végétal : Entre haricots et doliques mongettes
Cuisine : Elysée Padilla cuisine les haricots
Interview : l’affaire Pusztai, la ‘patate chaude’ des OGM
Réaction : OGM, une vraie fausse solution
Un auteur : Les bio sauvent leur peau
Bio : Les fermiers bio canadiens face à la pollution OGM

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Description

La science agronomique, qui a mis au point les techniques modernes de l’amélioration des plantes, fondement de la régression agricole productiviste dite ‘révolution verte “, a réduit la biodiversité des plantes cultivées à une addition de lignées pures et d’hybrides dont la durée de vie est de plus en plus éphémère. Ces plantes ont été fixées, rendues homogènes et stables pour pouvoir devenir des marchandises standardisées, utilisables par l’industrie et la grande distribution, et couvertes par une propriété intellectuelle jusqu’ici réservée aux objets. Ces manipulations sont contraires à la vie qui est faite de diversité, d’échanges et d’évolutions, mais aussi d’organisation de ce mouvement permanent. Les dernières découvertes des physiciens nous apprennent que le chaos lui-même est une forme d’organisation. Un organisme qui ne s’adapte pas à son environnement en perpétuel changement tombe malade, dégénère, puis meurt. C’est ce qui est arrivé à nos cultures qui ne peuvent plus survivre sans perfusions d’engrais et de pesticides, tous plus nocifs les uns que les autres. Les augmentations de rendements à l’hectare – dont se glorifient les sélectionneurs – se paient par un bilan environnemental (pollution par les pesticides, destruction des sols et de la biodiversité), énergétique (mécanisation, engrais…) et social (disparition des paysans, chômage, famines…) totalement négatif et qui en annule tous les bénéfices. Les agricultures paysannes et biologiques nous montrent qu’une nourriture saine peut être produite en quantité suffisante dans le respect de l’environnement et des communautés rurales, à condition d’abandonner ces semences mortifères.
Aujourd’hui, la même science voudrait nous faire croire qu’un organisme vivant peut se réduire à une adition immuable et aléatoire de gènes manipulables à loisir. Elle ignore volontairement que le génome est aussi fait d’échanges respectant les barrières d’espèces et qu’il est le fruit d’une organisation rigoureuse des gènes entre eux. Les plantes génétiquement manipulées sont encore plus malades que leurs ancêtres fixés.

Si nous ne voulons pas être contraints d’avaler ces chimères, les paysans doivent pouvoir cultiver de vraies plantes saines et vivantes. Or, ils ne trouvent plus sur le marché que des semences et plants malades de leur dépendance aux pesticides : demain ils ne trouveront que des O.G.M ! Et la loi qui protège la propriété intellectuelle des plantes (Certificat d’Obtention Végétale) leur interdit d’échanger leurs semences. Bientôt, avec le brevet et la pollution génétique légalisée, elle leur interdira tout simplement de les produire.

Les paysans, qui veulent offrir en quantité suffisante une nourriture saine aux consommateurs en refusant d’empoisonner l’environnement, doivent produire leurs semences eux-mêmes et les échanger. Mais pour ce faire, ils sont obligés de sortir de la légalité… Demain, avec le brevet sur le vivant et la généralisation inévitable de la pollution génétique de toutes les cultures par les OGM, volontairement disséminés par les firmes qui veulent les imposer, ces mêmes paysans seront complètement hors la loi. Eux seuls ne pourront pas changer cette législation aliénante. Mais avec le soutien et la mobilisation des consommateurs, cela est possible.

Dès aujourd’hui, Nature et Progrès s’engage à soutenir les paysans qui enfreignent la loi pour ne pas empoisonner les consommateurs et appelle tous ceux pour qui un autre monde est possible à s’engager sur la même voie.